Page 40 d'Asdrelle : 


Le poulet demande pitié aux deux carnivores et décrit sa triste vie. 


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.Écoutez-moi. Lorsque je vous ai vus, l'espoir a illuminé mon cœur. Il faut que vous sachiez dans quel enfer je vis, quelle est la vie d'un poulet... Certes les poussins naissent dans cette inconscience qui fait qu'ils s'émerveillent de tout et voit en chaque événement un enchantement. Mais rapidement un mal inconnu ronge leur jeunesse. Leur vie devient celle d'un poulet, une vie où l'on ne fait que manger, boire, dormir et dormir et boire et manger ! Mais n'est-ce pas à cela qu'aspire tout poulet ? Ah ! Espèce de folle ! Parce que nous sommes différents, vous nous tenez pour seulement stupides et bruyants. Non, nous sommes comme vous, seulement, avant même le sortir de l'enfance, l'idée de ne jamais partir de cette cour nous abrutit, appauvrit nos facultés et prend nos dernières forces. La lassitude pique nos yeux... La mollesse engourdit nos jambes. Aussi lorsque vous vous êtes penchés sur cet enclos, j'ai pensé que vous pourriez me libérer et moi prendre enfin mon envol embrasé. Mais apparemment vous préférez me dévorer dans un bruissement d'ailes, et sentir sur votre langue mon cœur encore tressaillant et ma coulante cervelle ! Mais si tu veux quitter cet endroit, pourquoi ne t'enfuis-tu pas ? Un pacte a été scellé... un enchantement jeté... Aucun poulet ne peut partir d'ici si personne ne l'a acheté.


© Copyright 2008 - Constance Vagne (Nebetbastet)